Une fois par mois, un artiste peintre « huiliste » vient susciter la réflexion des membres de l’association artistique à laquelle je participe le vendredi. Hier soir il nous a distribué pour les observer, par groupe de deux personnes, des reproductions d’œuvres picturales de Bonnard, Braque, Modigliani, Renoir et Breughel. Notre grille d’examen tenait compte d’un certain nombre de points, notamment :
Le thème ou sujet, le style, la couleur, la matière, la lumière, l’espace et la perspective, la composition ou mise en scène, les contrastes, l’harmonie, la tension, le rythme ou la dynamique, les lignes, le format, la forme et le fonds. C’était une approche très intéressante qui fait réfléchir sur le regard que l’on porte sur une œuvre.
A la fin de la séance, l’on peut montrer sa production récente. Je lui ai donc soumis mon aquarelle « dans la lutherie » que j’ai présentée dans mon précédent billet. Sa critique, outre qu’il fallait peut-être suggérer un peu d’ombre sur la droite, m’a déconcertée sur un point important. Il a relevé que mes instruments à corde étaient nombreux, que leur base était floue, mais surtout qu’ils n’étaient pas dessinés avec précision. Il ne reconnaît pas, un violoncelle, ou un violon. Pour lui soit l’on est dans l’abstrait et alors l’on peut « faire ce que l’on veut » soit l’on est dans le « figuratif » et alors la représentation doit être fidèle. J’avoue être perplexe. Cet artiste tout à fait sympathique ne pratique pas l’aquarelle, comme du reste la majorité des membres du groupe. Aussi, par moment, j’ai un peu l’impression de perdre pied. Je sais bien que c’est le regard des autres qui fait progresser. Mais c’est parfois » dur-dur « . J’aimerais surtout savoir si je fais ou non fausse route et bien recueillir vos avis. En effet, lorsque je visite les sites des aquarellistes reconnus, je ne vérifie pas la remarque de notre ami.
Oui une aquarelle figurative, de par sa définition, demande un dessin précis mais noyé dans un traitement rapide du mouillé pour créer un contraste entre maîtrise et expression de liberté.
Eternel sujet de discussion que celui-là …Combien de fois n’ai-je pas entendu « trop dessiné, pas assez abstrait, etc…. » Pourquoi une aquarelle devrait elle etre figurative pour les uns et abstraite pour les autres ? Je pense que c’est a chacun a trouver son chemin en fonction de ce qu’il souhaite faire passer comme message, de ce qu’il souhaite faire passer comme émotion, … Cependant, abstrait ou figuratif, il me semble qu’a travers l’aquarelle, on doit voir « le travail de l’eau », le mouvement des pigments, la fluidité de ce médium, … sinon pourquoi fait-on de l’aquarelle ? N’est ce pas cette fluidité magique qui nous fascine ?
Ce travail de l’eau, on le voit très bien dans vos aquarelles.
Suite à cette critique, qui dénote une incompréhension visible de ta démarche( et c’est dommage!), j’ajouterai que le travail de Marc Folly, qui a traité ce même sujet, l’a fait dans un esprit totalement différent, evidement.
Encore heureux qu’un sujet , une ambiance, puisse etre traitée totalement différemment, c’est la preuve même des variations de sensibilités, tout l’interêt de pratiquer une activité artistique!
Car encore une fois, c’est une ambiance graphique que tu as traité, pas une prouesse technique.
Si l’art de la peinture se résumait à des critères aussi simplistes,(il serait bon que tu fasses comme ceci, ou comme cela..parce que ça se fait..) n’importe qui peux faire de la peinture mais hélas( ou tant mieux!)cela ne se pose pas comme ça.
Ce cher Van Gogh, avec sa petite chambre tordue, à la perspective totalement fausse, aux blocs disparates et sans plans successifs ,est aux antipodes de ces règles qu’on semble vouloir t’imposer.
Annie , qui semble pourtant apprécier l’art et la composition, oserait-elle en faire une critique, sur des critères aussi basiques???
Tu ne souhaitais pas faire du Marc Folly,….Marc Folly le fait parfaitement.Aucun interêt.
….D’ailleurs, on peut voir avec tristesse combien de pratiquants de l’ aquarelle peuvent etre desastreusement influencés par les notoriétés du moment (!!)
On peut ne pas apprécier, pour des raisons plus personnelles, les visuels que tu nous offres; mais il serait bon de comprendre auparavant ton approche et ton état d’esprit, avant de formuler des critiques trop aisées à mon goût.
Il me semble que dans ton aquarelle « dans la lutherie », tout est traité sur le même plan et qu’en plus il y un problème de perspective. Marc Folly (http://www.marc-folly.com/peintures-paintings.html) a traité à peu près le même sujet mais en différenciant les instruments de musique à la fois par les couleurs, les lumières et les ombres et une perspective bien étudiée.
Je suis assez d’accord avec ton critique (artiste peintre à l’huile) sur le fait de dessiner juste. Quand on rajoute l’aquarelle, on peut flouter le fonds mais le premier plan doit être précis et juste.
Amitiés
Annie
pourquoi vouloir te ranger dans un tiroir abstrait ou figuratif?
qui ne te permettrait plus d’évoluer,etre peintre aquarelliste c’est déjà merveilleux non?
n’écoute pas les bla bla! ce que tu aimes est la seule chose qui doit te guider
amitiés
pascale
Je découvre votre site par hasard et je suis impressionné par la qualité de vos travaux et la richesse de vos références. Vous portez votre expérience sur la place publique avec beaucoup de générosité et je voulais vous en remercier. Je me promets de revenir sur votre site pour en retirer tous les éléments qui peuvent alimenter ma propre démarche très modeste. S’agissant du questionnemnet dont vous faites état ici, je dirais que je me méfie toujours des avis trop arrêtés en matière artistique. Je pense qu’un grand artiste n’est pas nécessairement un bon pédagogue. Je crois que les grands principes peuvent éventuellement servir de guide, mais qu’il peuvent aussi inhiber une recherche personnelle qui cherche sa voie et trouvera peut être des modes d’expression nouveaux. Personnellement le critère qui me guide c’est le plaisir de produire et d’avancer, ce qui suppose bien entendu de rechercher de nouvelles voies.
Je pense en effet qu’il faut faire un choix au départ :il faut décider du sujet auquel on veut donner de l’importance, et si c’est un objet, il faut bien l’observer, et faire des croquis avant de le peindre. Tout le reste peut être laissé dans le flou, mais la partie importante (même si ce n’est qu’une partie de l’objet) doit être juste.
Dans ton aquarelle, tous les instruments sont traités de la même façon, tu aurais eu intérêt à n’en traiter qu’un plus précisément et laisser les autres dans le flou.
Etonnante critique, en effet..Et je comprends que tu aies pu te se sentir un peu désarçonné!
….D’autant plus étonnante, que dans les exemples cités auparavant, Bonnard figurait en bonne place!!
Car ton procédé de peinture n’est pas sans rappeler l’école impressionniste, où l’on a plutôt travaillé dans la suggestion et l’agglomérat de multiple touches, en faisant abstraction d’un dessin trop académique.
…Mais c’est AUSSI du dessin…! Le dessin ne se résumant pas à sa simple approche académique, évidemment.
Même si dans mon enseignement, j’encourage à maîtriser correctement toutes les bases académiques( indispensable pour pouvoir travailler avec un minimum de contraintes, et surtout pour eviter la stagnation), il aurait été plus judicieux de comprendre que tu avais souhaité travailler ta « lutherie » en marge d’un chemin réaliste.
Et c’est une réussite, encore une fois.
Mais rien ne t’empêche, en parallèle, de travailler ton dessin, pour acquérir un bagage complet.
En tout cas, pour le moment, tout va bien sur ce beau chemin de ton évolution!