Aloïse Corbaz : Éléments de biographie

Aloise_portraitPhotographie d’Aloïse Corbaz

Aloïse Corbaz (1886-1964) est une artiste suisse née à Lausanne, dans une famille modeste. Elle est une figure importante de l‘Art brut reconnue internationalement.

Elle obtient le baccalauréat puis se forme à la couture et au chant. Ensuite elle gagne sa vie comme surveillante dans des pensionnats. Elle est  » expédiée » à Postdam par sa sœur, suite à une liaison jugée scandaleuse avec un prêtre défroqué. Elle rentre en Suisse peu avant la guerre de 14-18. Elle traverse une crise de mysticisme.

En 1918, en plein désarroi, elle est hospitalisée pour schizophrénie à Cery-sur-Lausanne  En 1920 est internée à l’asile de la Rosière à Gimel-sur-Morges. Elle y restera jusqu’à sa mort, 44 ans plus tard. Elle repasse et elle commence à dessiner, avec des moyens de fortune  . . . sur sa table à repasser.

Dès cette époque le professeur en psychiatrie Hans Steck et  Jacqueline Porret-Forel, « l’Ange Forel » médecin généraliste, s’intéressent à la production d’Aloïse. Madame Porret-Forel rédige une thèse, publie des articles et de monographies qui font connaître le travail de sa protégée. En 1947, elle présente Aloïse à Jean Dubuffet  qui intègre son œuvre dans l’art brut dont elle devient l’icône. Celui-ci pensait qu’elle n’était pas folle, mais simulait pour se protéger, vivre dans un cocon.

Aloïse réalise des œuvres de dimensions et de formes diverses, sur du papier d’emballage parfois cousus pour les grandes œuvres. Elle utilise ce qu’elle trouve : craies grasses, mines de plomb, crayons de couleurs, gouache et sur la fin de sa vie des stylos feutres. Elle s’inspire des journaux, des magazines, des cartes postales.

Au premier abord l’on pense à des dessins d’enfants. Ils sont en réalité bien plus complexes car nourris de son expérience douloureuse de l’existence. L’œuvre est colorée, luxuriante, peuplée de figures historiques, de couples d’amoureux, de personnages d’opéra, de symboles pacifistes ou religieux

Le travail des années 1920 a été en grande partie détruit. Une partie de ses œuvres est aujourd’hui conservée en Suisse à la collection d’Art brut de Lausanne et au Kunstmuseum Solothurn et en France au LaM et à l’Hôpital Saint-Anne

On peut consulter en ligne, le catalogue raisonné de ses œuvres. A voir aussi des articles de presse, notamment sur Culture Box, Télérama, la Croix. ou encore le dossier de presse de l’exposition de Lausanne en 2012

Une vidéo de présentation des oeuvres d’Aloïse

Et quelques images

Le manteau de matadorAloïse Corbaz Le manteau de matadorle monde ancien, le monde d'autrefoisAloïse Corbaz Le monde ancien, le monde d’autrefois

La caporale Dieu bien fouAloïse Corbaz La caporale Dieu bien fou

TzarineAloïse Corbaz – La tzarine

Aloïse, le ricochet solaire à Lausanne

Le Musée cantonnal des Beaux-Arts de Lausanne

Présente  Aloïse Le ricochet solaire

Du 2 juin au 28 août 2012

En liaison avec la Collection de l’Art brut (jusqu’au 28 octobre 2012)

Cette vaste rétrospective réunit plus de 160 œuvres qui donnent un aperçu synthétique des différentes périodes de création de l’artiste.

 

 

Aloïse Corbaz dite Aloïse

 Aloïse Corbaz dite Aloïse (1886-1964), artiste vaudoise est une des figures majeures de l’Art Brut. Elle étudie jusqu’au baccalauréat puis s’expatrie à Potsdam. Elle est gouvernante du maître de chapelle de l’Empereur Guillaume II. En 1914, à la déclaration de guerre elle rentre en Suisse. En 1918, des troubles de comportement, de schizophrénie, obligent sa famille à l’interner à l’Hôpital de Céry puis à l’asile de la Rosière à Gimel. Elle y restera jusqu’à sa mort.

 Son délire s’organise peu à peu par l’écriture, la peinture et le dessin. Pendant plus de quarante ans, elle déploiera une création immense. Elle dessine au départ sur les supports qui sont à sa disposition, puis sur des cahiers à dessin et enfin sur des rouleaux de papier de plusieurs mètres, avec des crayons de couleurs, des craies grasses, parfois du dentifrice.

 Elle manie des concepts de  cosmogonie sur deux principes « le ricochet solaire » et « la Trinité en consubstantialité alternative » Son univers, avec ses codes, ses lois personnelles est peuplé des ses souvenirs de la Cour de Postdam, avec les princes et les princesses, les carrosse, les scènes de théâtre.

 Le Docteur Porret-Forel qui la suivra tout au long de son internement. En 1947, elle  la fera connaître à Jean Dubuffet. Elle est la grande spécialiste de l’œuvre d’Aloïse.

 Voici quelques images des œuvres d’ Aloïse

Aloïse – Guillaume II

Aloïse – Bonne fête

Aloïse – Le fils de l’Aigle

Aloïse – Marie-Christine

Marie Stuart et gondolier

Aloïse – Le Sacre de Napoléon

Aloïse Dehli -Toilstoï

Art brut – Partie 4 – Musées, collections, galeries, publications, organisations

 Un certain nombre de sites sont consacrés à la mouvance de l’Art brut. On évoque l’art des aliénés mais aussi l’art singulier, l’outsider art, l’art spontané, l’art Insolite, l’art hors normes, l’art différencié, l’art modeste

 Musées

Musée Art & marges –  Museum für Outsider Art und Art brut Kunsthaus KannenAmerican Folk Art Museum – NYCMusée de l’art différencié – Liège –  Musée dans l’entrepot – St-GallHalle Saint Pierre- ParisLaM –Villeneuve d’Ascq –  Museum Dr. Guislain – GandOutsider Art Museum – MoscouMuseum Gugging -AutricheThe Museum of Everything – NYC   – Creative Growth Art Center – Californie –  Musée de la Création Franche – BèglesGaia museum – DanemarkPalais idéal du Facteur ChevalMusée de l’art spontané – BruxellesCharlotte Zander Museum – BönnigheimMusée international des Arts modestes – Sète La PalisseMuseu de imagens do inconsciente – Rio de JaneiroAmerican visionary art museum – Baltimore


Museum of naïve & marginal art – SerbieMu Seele – Göppingen – Museum Haus Cajeth – HeidelbergMuseum of Outsider Art – MünchenOutsider Art House – Veenhuizen

Collections

Collection Prinzhorn –  Collection StadshofCollection de l’Art brut – LausanneFondation DubuffetFondation Adolf WölfliLa Fabuloserie – Collection Alain BoubonnaisCollection Bruno Decharme Abcd-artbrutCollection Victor Musgrage – Tate Britain –  Anthony PetulloIeoma CollectionDemirel CollectionArt Pulsion

Galeries

Une sardine collée au mur – Genève Christian Berst –  ParisSusanne Zander – Cologne  – Hamer – HollandeSusi Brunner – ZürichJudith Saslow – Chicago Henry Boxer – Richmond Hill – UK – – George Jacobs – Rhode InslandHenrich Bödeker -HannovreDurchblick -LeipzigFocal Art Gallery, La JollaLange – SiegburgKoKo – WienMiyawaki – KyotoHet Dolhuys – Harlem

Manifestations – Expositions

Outsider art Fair NYCLa clé des champs ou l’art des fous

 Organisations diverses

L’art à l’hopital – Genève+ vidéo –  Atelier Adriano et Michele – Pavie –  European Outsider ArtassociationSites allemandsPortail de l’art singulier – – Association Art marginal – insolite – singulierAssociation MyceliumNational Institute of Art & Disabiliites – Richamont – CaChamps libresHospital audience Brodway – – National art & disability – CalifornieArt Visceral Kunstlabor Artoll, Bedburg HauLe dernier cri – MarseilleArt servicesRaw art works – Lynn UsLes Impatients

Ateliers

Atelier d’art différencié FribourgAtelier Herenplaats – Rotterdam

 Publications

ArtensionRaw VisionThe Mag – – Le poignard subtilOsservatorio Outsider ArtUnivers singuliers

Documents

Art brut dans l’art ou hors de l’artLes irréguliers de l’art en France et dans le monde – Bibliographie sélectiveMarcel Reja L’Art malade – Dessins de fous -1903

Art brut – Partie 2 – L’évolution du regard des aliénistes sur les créations des malades mentaux – De l’analyse clinique à la reconnaissance d’un art à part entière

De l’art des fous à l’œuvre d’art

Bien avant Dubuffet, les psychiatres se sont intéressés aux créations de leurs patients

Benjamin Rush, médecin et l’un des pères fondateurs des Etats Unis d’Amérique, constate dans  Medical Inquiries and Observations Upon the Disease of Mind paru en 1812, que les créations spontanées de certains patients intéressent les médecins aliénistes du XIXe siècle, même s’ils les considèrent surtout comme des documents cliniques. Le Docteur Paul-Max Simon, publie en 1876, un article « L’imagination dans le folie » En 1907, le Dr Paul Meunier, sous le pseudonyme de Marcel Réja publie  « L’art chez les fous »

Dans les années 1920, les aliénistes un peu partout dans le monde commencent à considérer  la production de leurs malades comme des œuvres d’art et entament des collections.

En France Auguste Marie, élève de Jean-Martin Charcot, qui lui-même peint, crée à Villejuif le « Musée de la folie »

 En Allemagne  il y a Hans Prizhorn – En Suisse Walter_Morgenthaler qui étudie le cas d’Adolf Wölfli, de Hans Steck et de Charles Ladame –  Au Brésil avec Osorio Cesar et  Nise da Silveira  qui a découvert Arthur Bispo do Rosario et a créé en 1952 le Museu de Imagens do Inconsciente (Musée d’images de l’insconcient) – Au Pérou d’ Honorio_Delgado – En Russie Pavel Ivanovitch Karpov.

 A l’hôpital Sainte-Anne, Robert Volmat puis Claude Wiart fondateur de la Société française de psychopathologie de l’expression a dans le cadre du Centre d’étude de l’expression aconstitué une collection de plus de 75000 œuvres

L’art brut – Partie 1 – Introduction

L’Art brut – L’art sans le savoir

Le peintre Jean Dubuffet  avait en 1923 découvert les cahiers illustrés de Clémentine Ripoche. Mais c’est en 1945 lors d’un voyage qu’il effectue en Suisse avec Jean Paulhan qu’il invente  le terme d’Art brut

  Avant lui l’on partait de « l’art des aliénés » et plus avant de « l’art des fous ». Il a déclaré  plus tard « Il n’y a pas plus d’art des fous que d’art des dyspeptiques ou des malades du genou. »  Pour lui l’Art brut est un art spontané  Il est réalisé par des personnes sans formation artistique,  sans prétentions culturelle en dehors des normes esthétiques.

Il  a rassemblé des œuvres de malades mentaux, de créateurs isolés et aussi de médiums (spiritisme). Il crée la Compagnie de l’art brut avec André Breton, Jean Paulhan, Charles Ratton , Henri-Pierre Roché, Michel Tapié ou Slavko Kopac. Sa collection de l’art brut est hébergée à Lausanne.

 Il est souvent difficile de s’y retrouver dans les étiquettes. L’on parle d’Art brut mais aussi d’ Art outsider, hors normes , différencié. Il ne faut pas confondre avec l’ Art naïf , l’ Art_singulier, l’Art insolite, l’ Art modeste

 Je compte dans plusieurs articles parler de l’histoire de l’art des aliénés qui commence au début du 19ème siècle et bien entendu des artistes de l’art brut