L’aquarelle et le dillemme de l’âne de Buridan

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Lorsque l’on peint une aquarelle l’on dispose de plusieurs manières de procéder, que l’on peut présenter sommairement ainsi :

v     Technique mouillé sur sec
Dans cette façon de pratiquer, encore appelée « technique sèche » les pigments sont posés sur un papier sec.
On arrive à la teinte, à l’effet désiré, en 
applicant le lavis en couches superposées. On laisse sécher entre chaque application. De ce fait, on contrôle facilement son travail qui est précis.

v     Technique mouillé sur mouillé
On applique les pigments sur un papier partiellement ou entièrement mouillé ou sur une touche de couleur non encore sèche. Il faut bien entendu maîtriser le « cycle de l’eau » : humidité brillante, humidité mate. L’on peut moduler l’humidification du papier et donc conserver une certaine maîtrise de son travail. Bien entendu, compte tenu de la diffusion des couleurs, le résultat sera flou, imprécis

v     Technique mixte
Elle combine suivant les zones à peindre, la technique sèche et la technique mouillée.

v     Technique du papier inondé
Le papier généralement tendu sur un châssis est copieusement
 arrosé. L’on dépose d’abord des couleurs de fonds que l’on laisse voyager sur la surface de la feuille. Ensuite l’on réalise le graphisme de l’œuvre en apportant de la couleur de plus en plus consistante. On utilise uniquement de la couleur en tubes.  Il faut surveiller la charge des couleurs qui diffusent. C’est constamment un aller retour vers les différentes zones de la feuille pour les alimenter. Ensuite, en fin de cycle de l’eau on procède au tirage des blancs. Le résultat est assez difficile à contrôler.

La première année de mon apprentissage, j’ai surtout utilisé la méthode mixte.

Au cours de la seconde année, c’est essentiellement la technique mouillé sur mouillé que j’ai pratiqué. Depuis l’an passé, j’ai travaillé essentiellement sur papier inondé.

Avec ma professeure actuelle, l’on travaille souvent le paysage, l’imaginaire et cette méthode convient tout à fait. Cependant, j’aime aussi réaliser des aquarelles un peu plus structurées, avec des personnages, des formes. Et j’avoue qu’au moment de commencer j’hésite toujours entre les deux techniques humides : mouillé sur mouillé ou ce que j’appelle inondé.

Je suis un peu dans le dilemme de l’âne  attribué au philosophe du moyen âge Jean Buridan (1292-1363).Ce pauvre animal qui hésite entre l’avoine et l’eau

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Buridan

Encore qu’en ce qui me concerne, finalement  je choisi toujours l’eau… aquarelle oblige.

J’aimerais avoir l’avis des uns et des autres sur le choix de la technique retenue au moment de l’acte de peindre. Merci d’avance

7 commentaires sur “L’aquarelle et le dillemme de l’âne de Buridan

  1. Je vais essayer de donner mon avis , quand j’ai commencé a peindre j’utilisais beaucoup d’eau a tel point qu’une fois l’aquarelle sèche je perdais tout les beaux effets qui se trouvais sur le papier auparavant . Il ma fallu du temps pour comprendre qu’il faut travailler de l’humide ver le sec .
    Alors que j’avais démarré une aquarelle très humide j’eus une visite qui s’éternisa un peu quand je suis revenu elle étais encore bien humide a cœur .
    En continuant je m’ aperçu que mon dessin restais en place et j’en conclu qu’il ne faut pas trop ce précipiter pour travailler dans l’humide .
    patrick

  2. Je ne maîtrise pas l’inondation, mais j’essaie encore et encore. Je peins souvent humide sur humide parce que je trouve ça plus facile. Mais mon rêve mon idéale serait de savoir peindre comme cézanne humide sur sec. Une flaque qui sèche puis une autre faque qui sèche etc… qui se superposent qui se croisent qui donnent des aquarelle vivantes, mouvantes, transparentes. Je suis fan. Mais pas c’est pas facile du tout. C’est unique, c’est Cézanne quoi ! Loin du phénomène de mode qu’est l’inondation dont je commence à me lasser.

  3. Tu sais Pierre, tes interrogations sont légitimes mais en même temps, cette histoire de vouloir nomenclaturer la pratique technique de l’aquarelle est si vaine… Tous les peintres avec qui j’en parle ont une vision si divisée …
    Je crois qu’il faut avoir face à ce désir l’attitude des grands interprêtes de musique classique… faut-il tel ou tel tempo pour Bach ? Plus d’eau? Moins d’eau ? tel ou tel papier ? Tout cela est la stricte liberté des interprêtes que nous sommes.
    le reste n’est que vanité.
    Amitiés
    nath

  4. Tes descriptifs des procédés différents sont exacts..c’est dejà suffisamment rare pour etre apprécié, on lit trop souvent de bêtises concernant la technique, certains se contentant de retranscrire ce que l’on leur a retranscrit ..qui eux même ont repeté une retranscription..etc..lol
    D’un conseil credible, on arrive ainsi en bout de chaîne à d’abominables enseignements(!)

    Concernant les choix de procédés, seul le sujet ou l’état d’esprit de l’auteur peut influencer une façon de faire..pour le reste, vive la liberté!, lol.
    On travaille souvent dans une technique, faute d’en maîtriser une autre!certains seront suffisamment malin pour faire croire que c’est un choix, alors qu’il s’agit plutot d’une technique par defaut ! Peu ont l’honneteté de l’admettre.
    L’ideal serait sans doute de se former à tout, pour enfin avoir REELLEMENT une liberté de choix…

    Bonne suite!

  5. j’ai maintenant que je l’ai découvert toujours envie d’utiliser la méthode du papier détrempé, mais , bien des fois, je me contente du mouillé parce que le sujet ne s’y prête pas forcément, ou je ne suis pas assez expérimentée !

  6. J’ajouterai qu’un truc pour voir si une aquarelle est lisible est le suivant :
    Une fois celle-ci terminée, faire une photo numérique de celle-ci, convertir l’image sur l’ordinateur en noir et blanc uniquement.
    Si le sujet est lisible et cohérent en noir et blanc, alors je pense que c’est tout bon. Avec cette méthode, on voit tout de suite des zones qui doivent être renforcées, ou atténuées, etc…. – Rich

  7. Vraiment un sujet à développer. Ce qui me frappe en aquarelle, c’est que personne n’utilise vraiment le même processus pour peindre. Chacun au fil des années trouve son chemin technique. Lorsque l’on regarde des K7 ou DVD d’aquarellistes, c’est frappant de voir qu’ils peignent tous de manière différente. La question est de savoir ce que l’on veut comme résultat final : précis, dessiné ? flou ? abstrait ? etc…et partir de la, ajuster sa technique. Les moyens sont au service de la fin.Dans un livre de Karpinska (avec des cerises en couverture), il y a un bel article sur le sujet. Si je me rappele bien le titre est : »Le choix du peintre » ou elle explore divers processus pour arriver à la fin. Le sujet est un arbre tortueux sur fond végétal. Quand je doute ou j’hésite, je relis cet article. Mais que l’on choisisse n’importe quelle méthode, je pense qu’il est important de garder des constrastes dans sa peinture, des valeurs tonales différentes, des avants-plans, des arrières-plans, etc …bref de la lisibilité. Je crois aussi que sur une aquarelle inondée et donc floue, on peut revenir par après en technique humide sur humide, en réhumidifiant le papier. Mais, bon, c’est simplement ma façon de voir ; une parmi mille autres – Rich

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